Monday, February 26, 2007

Assurance, micro-assurance et développement

Les grands groupes multiplient des partenariats avec des organisations locales pour couvrir les risques encourus par les populations les plus démunies


Alors que le prix Nobel de la paix 2006, décerné à Muhammad Yunus (le créateur de la Grameen Bank au Bangladesh), vient saluer trente ans de développement du microcrédit, force est de constater que l'assurance fut longtemps le parent pauvre de l'économie du développement. Cet oubli du rôle de l'assurance dans le développement économique et social d'une société est d'autant plus surprenant que la vulnérabilité face aux aléas de la vie perpétue la pauvreté.
Ainsi, au Cambodge, la pauvreté de plus de la moitié des plus démunis serait due à une maladie ou à un accident invalidant, tandis que, en Inde, entre le tiers et la moitié des malades ayant dû être hospitalisés sombreraient dans la pauvreté à cause d'une protection inadéquate contre les risques de santé.
La liste des risques susceptibles de plonger les individus dans la misère en raison d'un sinistre non couvert est en réalité bien longue, et il suffit aux assurés que nous sommes de se projeter un temps dans un monde sans assurance privée ou sans protection sociale pour en dresser l'inventaire.
« La vie des pauvres est un long risque », confiait le client d'une institution de microfinance (IMF) aux Philippines. Mesurant la précarité de leur situation, les populations n'ont pourtant de cesse de gérer ces risques à travers des systèmes informels (dons et contre-dons, tontines, fonds funéraires, diversification des actifs et des réseaux de sociabilité, etc.) susceptibles d'atténuer les chocs. (...)
Reste que, pour diverses raisons, allant de l'érosion des sociétés traditionnelles jusqu'aux limites inhérentes à un périmètre de mutualisation réduit, ces assurances informelles, aussi justifiées soient-elles, ont des limites évidentes, conduisant les populations à adopter de nouvelles formes de gestion du risque, dans un contexte de retrait ou de délégation de l'Etat.
De leur côté, les industriels de l'assurance, tout en capitalisant sur les évolutions de la microfinance et de ses nouveaux services (épargne, transferts de fonds...), accompagnent de fait l'émergence de nouveaux réseaux socio-économiques et sécurisent le quotidien de millions d'individus conscients de leurs fragilités, et prêts à s'assurer dès lors que des services de qualité deviennent accessibles financièrement, géographiquement... et culturellement.
Les révolutions de l'assurance venant souvent des réseaux de distribution, ces assureurs multiplient alors des partenariats avec des IMF, des organisations locales, des fonds funéraires informels, des « self help groups » (groupes d'entraide et de soutien), des associations de femmes, des syndicats, des organisations professionnelles, des coopératives et mutuelles, des agences de développement, des chaînes de distribution alimentaires, déjà impliquées dans le secteur des populations à faible revenu.
(...)
Nous pourrions conclure sur d'autres noms d'assureurs, de réassureurs, de courtiers, nationaux et internationaux, évoquer la probable entrée d'AXA dans la micro-assurance au Maroc ou bien celle, déjà effective, d'Entrepreneurs de la Cité et de son pool d'assureurs (April, CNP, la Mondiale, AG2R, Axeria iard), souligner qu'un inventaire mondial révélerait la forte prédominance des garanties emprunteurs, accidents-invalidité, obsèques, sans exclure pour autant le développement de produits dommages ou santé.
Reste qu'il nous semble essentiel de terminer plutôt sur le versant politique, pour réaffirmer que toute construction sociale et économique peut exploser face aux risques, dès lors que l'Etat et le marché refusent tous deux d'assumer la question de l'assurabilité des populations. L'ampleur de la tâche est telle que les synergies sont naturellement préférables aux affrontements. Alors que l'Inde privilégie l'obligation juridique faite aux assureurs privés de développer de la micro-assurance, la Roumanie et le Brésil optent pour une défiscalisation et l'adoption de décrets favorables aux acteurs de la micro-assurance. Si les voies sont nombreuses, toutes nous renvoient pourtant à une évidence : la lutte contre la pauvreté et la vulnérabilité restera bien dérisoire tant que l'Etat de droit restera une chimère.

Lien vers l'article dans son intégralité ici

Saturday, February 17, 2007

Création d'entreprise avec l'adie (microcrédit)


Une vidéo concernant la création d'entreprise grâce à l'octroi de micro crédits: ici

Wednesday, February 14, 2007

La réponse de Nicolas Dupont- Aignan à notre questionnaire


Questionnaire:

-La microfinance fait t'elle partie de votre programme ?
-Quels programmes et initiatives seront financés ?
-Le coût de ces programmes a-t'il été chiffré ?
-Quels sont les retours attendus, en termes d'efficacité?
-Quels produits seront privilégiés (microcrédit, micro assurance...) et pour quelles raisons ?
-Quelles populations seront visées par ces programmes ?



La réponse de Nicolas Dupont-Aignan:


L’expérience du microcrédit pour favoriser le développement ou la réinsertion de populations en grande difficulté économique et sociale, démontre chaque jour davantage son efficacité. C’est une activité prometteuse qui en est encore à ses débuts, en particulier dans nos contrées. Avant d’envisager une action publique d’envergure sur ce terrain (financements publics, création d’outils institutionnels, sensibilisation massive des Français,…), il convient au préalable d’établir le plus précisément possible un premier bilan sur les tenants et aboutissants du microcrédit : réussites, limites, modes opératoires à privilégier, écueils à éviter, etc.

Parallèlement, la France devrait étudier soigneusement la possibilité de redéployer son aide au développement vers les pays pauvres, notamment en Afrique, en faisant une place beaucoup plus importante à ce type d’action, comme à l’aide en nature. Là encore, une évaluation précise, avec les ONG concernées et les services spécialisés des Nations Unies sera un préalable incontournable.



Nicolas DUPONT-AIGNAN
Candidat à la présidence de la République

Sunday, February 11, 2007

Avec l’appui de Bill Gates, le CGAP développe un programme pour lier les technologies et la microfinance



Washington, DC, 29 Janvier, 2007 CGAP, un pôle de ressource pour la microfinance dont les membres représentent l’essentiel de l’aide au secteur, a exposé aujourd’hui son programme pour améliorer de façon drastique ses recherches sur les solutions technologiques pouvant contribuer à apporter des services financiers fondamentaux–de l’épargne au crédit en passant par les transferts d’argent- aux milliers de personnes défavorisées de par le monde. Le montant de cette initiative s’élève à 26 millions de dollars dont 24 proviennent d’un don de la Fondation Bill et Melinda Gates La majeure partie du servira à financer des expériences pilotes visant à étendre les services financiers basés sur les nouvelles technologies.

"Grâce au wireless ou à d’autres technologies, nous pouvons connecter les personnes pauvres au système financier de leurs pays, et, partant, permettre à ces pays de franchir plusieurs paliers dans le développement de leur système financier," a mentionné Elizabeth Littlefield Directrice du CGAP. "Imaginez un village d’une région rurale enclavée, à plusieurs jours de la banque la plus proche, accédant aux mêmes services financiers que vous et moi. Telle est la vision que nous partageons avec Bill et Melinda Gates, et nous sommes extrêmement reconnaissant de leur appui."

(...)"En appuyant des programmes pilotes ayant recours aux nouvelles technologies qui ont la faculté de radicalement changer le modèle économique dans l’offre de certains services financiers, nous pouvons étendre l’accès aux services financiers à des centaines de millions de pauvres. Notre espoir est que notre partenariat avec le CGAP débouchera sur la mise en oeuvre de nouveaux modèles de services financiers dont tout un chacun pourra s’inspirer et déployer."
Selon Gautam Ivatury Expert en technologie du CGAP, ces solutions “vont aider à démontrer la viabilité commerciale des modèles auprès des banques et d’autres opérateurs et les inciter à entrer dans le marché de la microfinance tout en permettant à nombreux pauvres du monde entier - particulièrement ceux des zones rurales - d’accéder à des services financiers ayant un fort impact.”

Le modèle économique adapté aux segments de marché des personnes à faible revenu s’est révélé probant depuis longtemps pour de nombreux opérateurs du secteur des télécommunications qui a vu le nombre de détenteurs de téléphones mobiles doublé - pour atteindre 2 milliards - en seulement deux ans. 80% de cette augmentation est le fait des pays en développement selon la GSM Association basée à Londres et partenaire du CGAP représentant près de 700 opérateurs de télécommunication.

Ivatury a souligné que "les téléphones cellulaires sont devenus la première technologie de communication à regrouper plus d’utilisateurs au Sud que dans les pays riches," un fait qui amène de plus en plus de responsables du secteur bancaire à se demander « pourquoi ne pourrions-nous pas bancariser les pauvres qui ont déjà leurs téléphones dans leurs poches ». Avec plusieurs milliers de prestataires dans le monde, le secteur de la microfinance s’est considérablement développé mais le taux de pénétration reste encore faible, tout particulièrement auprès des plus pauvres. Les principales barrières à une meilleure couverture proviennent de certaines faiblesses des institutions, d’une aide inefficace et de politiques et réglementations inappropriées. Pour identifier de nouvelles approches, le CGAP va tisser des partenariats avec une grande variété d’acteurs – des réseaux d’opérateurs de télécommunications aux banques en passant par les prestataires de solutions technologiques. Le programme va aussi faire un appel à proposition auprès des organisations intéressées pour expérimenter de nouveaux modèles pour toucher les pauvres et apportera une assistance technique et des cofinancements pour compenser les risques et capitaliser les meilleures expériences. Le CGAP va également concevoir un cadre de compréhension de la réglementation du secteur financier qui puisse stimuler la mise en oeuvre d’approches nouvelles tout en sécurisant les consommateurs et les prestataires de services financiers.

Le Groupe consultatif d’assistance aux pauvres (CGAP) est un pôle de référence pour le secteur de la microfinance visant à produire des standards, à proposer des services d’appui technique et de conseil ainsi que des formations et de l’information sur les meilleures pratiques en sus d’apporter des cofinancements aux projets innovants.

Thursday, February 01, 2007

Questionnaire: La réponse de Corrine Lepage



-L'utilisation de la microfinance fait-t-elle partie de votre programme ?


La micro-finance a fait ses preuves dans les pays émergents, en particulier pour l ‘émancipation des femmes. Ce système reste néanmoins handicapé par ses coûts de fonctionnement qui génèrent des taux élevés. Sur ce point je pense que les institutions financières internationale (FMI, OMC…) ont un rôle à jouer en assurant une partie des coûts de fonctionnement et la prise en charge des risques (Minimes puisque le taux de recouvrement est de 95%).
Dans les pays développés, le système de micro-financement est une formidable opportunité pour redynamiser le tissu économique local. Là encore, l’Etat via des institutions comme les ASSEDIC ou la Caisse des Dépôts et Consignations doit assumer sa fonction en accompagnant des projets à forte valeurs ajoutées en termes environnementaux et sociaux.

-Quels programmes et initiatives seront financés ?

Nous allons devoir impérativement changer de société en passant à une économie plus dématérialisée. Demain nous aurons besoin de conseillers en autonomie énergétique, de gestionnaire de plan carbone, de service de mutualisation des services (Co-voiturage, offre multimodale de déplacement) mais aussi une part non négligeable d’aide à la personne et créateurs de liens intergénérationnels. Ce sont autant de petits projets qui donneront un grand dynamisme local.

-Le coût de ces programmes a-t-il été chiffré ?

Le coût d’un tel programme peut-être estimé à 50 millions d’Euros pour le lancement d’une activité de micro-finance répartie sur l’ensemble du territoire national. Il me semble opportun d’utiliser les structures déjà en place et d’inscrire ce projet dans une forme collaborative avec des institutions existantes. Je vise plus une logique d’optimisation que de création. L’idée n’est évidemment pas de créer un « machin » qui apparaîtrait ex nihilo. Pour cela nous aurons besoin de partenaires déjà présents dans ce domaine comme la NEF, les banques coopératives, les mutuelles ayant la volonté de valoriser leurs engagements mais aussi des institutions relais comme La Poste ou la CDC. Je pense que le microcrédit est à même de générer des activités économiques viables et pérennes. Il ne nécessite pas un investissement financier important mais plus une volonté politique forte.

-Quels produits seront privilégiés (microcrédit, micro assurance...) et pour quelles raisons ?


Le microcrédit intègre une dimension éminemment sociale. Il est pour les plus vulnérable, exclu des circuits de financement classique, la seule opportunité de construire une vie, bâtir un projet. Ce critère social sera déterminant. C’est pourquoi il s’adressera en premier lieu aux femmes qui auront ainsi accès à la possibilité de développer une activité compatible avec leurs charges (Je pense tout particulièrement aux mamans seules). Il doit être aussi un outil d’émancipation pour toutes celles qui vivent aujourd’hui sous tutelle masculine.
Il peut servir aussi au développement d’activité locale pour des chômeurs mais nécessite pour cela un plan d’accompagnement par des professionnel (Chef d’entreprise à la retraite, artisan, professionnel du secteur…)

-Quels sont les retours attendus, en termes d'efficacité?

La première efficacité recherchée est d’amener des milliers de personnes qui ont la volonté de changer leur vie de pouvoir y arriver. Je vois dans le micro-crédit une machine de guerre contre la fatalité et les préjugés.

-Quelles populations seront visées par ces programmes ?

Je souhaite en faire un outil de lutte contre la paupérisation des femmes qui sont contraintes d’accepter des emplois à horaire décalé, en temps partiel pour pouvoir assumer l’éducation de leurs enfants. Je veux leur donner la possibilité d’une réelle émancipation et d’un épanouissement assuré par leur seul travail. Nous devrons aussi réfléchir aux moyens d’accorder des débouchés prioritaires aux services et produits issus de ces activités sur les marchés locaux. Nous serons dans une logique gagnant gagnant. La plus value sociale et la plus value environnementale que nous pouvons attendre du développement économique local par le microcrédit doivent être intégrées dans les comptes nationaux et reportées pour partie sur ces nouveaux entrepreneurs.


Présidence et microfinance:





Il m'a semblé intéressant d'avoir le point de vue des candidats à la présidentielle concernant l'importance qu'ils accordaient à la microfinance. J'ai fait parvenir aux candidats un questionnaire visant à connaître leur vision sur ce thème pour comprendre quels outils ils privilégient.


A partir d'aujourd'hui je publierai, chaque semaine, la réponse d'un candidat.
Cette semaine: Corrine Lepage.


Voici le questionnaire commum à chaque candidat. Une synthèse comparative sera publiée pour clore ce cycle d'interview.

Questionnaire:


-La microfinance fait t'elle partie de votre programme ?


-Quels programmes et initiatives seront financés ?


-Le coût de ces programmes a-t'il été chiffré ?


-Quels sont les retours attendus, en termes d'efficacité?


-Quels produits seront privilégiés (microcrédit, micro assurance...) et pour quelles raisons ?


-Quelles populations seront visées par ces programmes ?