Wednesday, November 19, 2008

Les plateformes de P2p lending sociales



Qu’est ce que le p2p lending ?
Le P2P lending ou person-to-person lending est une transaction financière qui consiste, pour un particulier, à prêter à un autre particulier sans l'intérmédiaire d’une institution financière « traditionnelle ». Le p2p lending ou « prêt entre particulier », déjà à la base de systèmes de solidarité financière comme la tontine, a fait son apparition sur internet avec le lancement de plateformes de prêts entre particuliers comme Zoopa au Royaume Unis ou Kiva au Etats-Unis.
Certaines plateformes répondent aux motivations sociales de prêteurs qui souhaitent financer des projets de micro-entrepreneurs. C’est le cas de Kiva, mais également de Microplace. Les plateformes proposent aux bailleurs de fonds différents projets sélectionnés par une institution de microfinance. Si ces modes de prêts ne reposent pas sur une intermédiation bancaire "traditionnelle", ils n’en sont pas moins intermédiés par la plateforme de prêts qui reçoit les dépôts, les distribuent aux institutions et collecte les intérêts auprès des IMF.
L'exemple de Kiva:
Cette plateforme propose au préteur de choisir d’aider un micro-entrepreneur parmi les profils disponibles. Le préteur dispose du nom du micro-entrepreneur, des caractéristiques de son investissement, et d’une fiche de suivi. Le préteur choisi le montant qu’il souhaite allouer au projet (25 dollars minimum via PayPal). Tous les deux mois, il recevra alors une fiche de suivi de son investisseur. Aujourd’hui Kivia octroye des prêts à plus de 88 institutions de microfinance dans 42 pays.
Comment se fait la gestion concrète du prêt?
Kiva est en relation directe avec les IMF auxquelles elle fournit les prêts des internautes, sans intérêts. L’institution de microfinance octroye alors ses prêts aux clients au taux en vigueur et conserve les intérêts pour se développer. Le remboursement du prêt (du principal) se fait par échéances qui sont réparties entre les préteurs en fonction de leurs apports respectifs. Ils ne peuvent pas disposer de leur argent avant le remboursement complet du prêt.
Qui supporte le risque?
Les pertes éventuelles liées au risque de défaut sont supportées par le préteur. La plateforme de levée de fond sélectionne des institutions de microfinance afin de « garantir » la bonne distribution des fonds. Les instiutions partenaires doivent notamment offrir des services à plus de 1000 emprunteur actifs, avoir une expérience minimum de 2 ans de crédit aux populations pauvres, et pouvoir présenter des états financiers audités. Elles doivent également disposer de leur profil sur le Mix Market.
D’autres modèles existent…. Les plateformes de levée de fonds sur internet sont nombreuses et diffèrent parfois dans leur mode de fonctionnement. Ainsi, MicroPlace, qui n’est pas une ONG mais un courtier, ne permet pas aux internautes de choisir directement un micro-entrepreneur. Le préteur choisit une IMF qui répartira son argent entre différents projets. Contrairement à Kivia, le préteur est rémunéré selon des modalités spécifiques. Il a ainsi le choix entre des placements à 3% par an et des placements à 1,5% par an. Le prêt (au minimum 100 dollars) est ensuite alloué aux institutions de microfinance qui se chargeront de rembourser le principal et les intérêts.

Les réserves:
Comme pour beaucoup de modes de financement la question du risque de change doit être évoquée. Certains experts expriment des réserves quant à l'impact financier de prêts à court terme en monnaie forte sur le bilan des IMF. En recevant un prêt en dollar ou en euros, les IMF doivent, en effet, supporter un risque de change. Pour répondre à ce problème, Calvert cherche à offrir des produit permettant des prêts en monnaie locale.
Les critiques soulignent également l'importante du développement des marchés de capitaux locaux. Enfin ces plateformes font apparaître une distorsion sur le marché entre les IMF qui peuvent bénéficier des prêts à taux 0 et les autres.

Sunday, November 02, 2008

10ème Anniversaire de PlaNet Finance & Entretien avec Jacques Attali et Arnaud Ventura



Film institutionnel groupe PlaNet Finance
envoyé par PlanetFinance

Le 10ème anniversaire de PlaNet Finance a eu le lieu le 28 octobre, à l’Institut du Monde Arabe. Etaient présents pour l’occasion Jacques Attali et Arnaud Ventura, fondateurs de PlaNet Finance, mais également Maria Otero, Présidente d’Accion International et Fahan Bamba fondateur de Microfinance Afrique Emergence & Investissements (AE&I) et membre du conseil d’Administration de PlaNet Finance. Après la conférence, le palmarès des « PlaNet Finance Awards » prix récompensant des micro-entrepreneurs du monde entier et leurs institutions de microfinance ont été décernés sous la présidence d’Abdou Diouf, Ancien Président de la République du Sénégal, Secrétaire Général de l’Organisation Internationale de la Francophonie et Co-Président du Comité d’Honneur de PlaNet Finance.

L’événement a débuté par une conférence sur le thème « Microfinance et Crise financière » durant laquelle les intervenants ont mis à jour les relations entre la finance « traditionnelle » et microfinance, tout en menant une réflexion sur les conséquences de la crise financière actuelle. En effet, aux vues des récents événements, de nombreuses questions se posent: La microfinance devra-t-elle faire face aux mêmes problèmes que le système de marché traditionnel ? La crise des liquidités affectera-t-elle les modes de financement des institutions de microfinance (IMF)? La diminution de l’épargne modifiera-t-elle durablement les ressources des IMF?

Mme Otero, présidente d’Accion international, se montrait relativement confiante quant à la capacité de résistance de la microfinance. Insistant sur la nature des crédits octroyés et le faible taux de défaut de ces derniers, elle soulignait que les institutions de microfinance (IMF) ne seraient pas particulièrement touchées par la crise. Elle a notamment rappelé que contrairement aux crédits « subprimes » (qui avaient été « revendus » par le biais de véhicules de titrisation) les créances des institutions de microfinance sont conservées par ces dernières, rendant peu probable une crise de la même nature que celle traversée par les marchés financiers.

Moins confiant quand à la séparation entre finance de marché et microfinance, Jack Loewe, président de Blue Orchard, soulignait avec inquiétude « la paralysie des investisseurs » et « l’assèchement » des sources de financement privées, dans un contexte trouble. Selon lui, on devrait observer une modification des sources de financement des institutions de microfinance avec une montée en puissance des fonds spécialisés, des fonds souverains et des agences de développement.

A la fin de la conférence, Sébastien Duquet, directeur général de PlaNet Finance, a souligné les « limites » actuelles de la microfinance. Le logement social mais également la microfinance rurale (pour laquelle les coûts d’installations trop importants dissuadent l’implantation d’IMF) et les énergies renouvelables nécessitent pour leur fonctionnement des taux d’intérêts partiellement subventionnés. Pour se prémunir des effets de la crise actuelle, Sébastien Duquet a prôné un retour aux fondamentaux: financement local, développement de la relation clients, connaissance du secteur, et évaluation des risques de défaut tout en se penchant plus généralement sur le problème du surendettement des ménages. Comme principaux chantiers, il a notamment évoqué le développement des produits financiers « annexes » tels que l’assurance récolte ou des services de transfert d’argent.




Après la conférence, un entretien avec Jacques Attali et Arnaud Ventura a permis de développer des points évoqués durant la conférence. La discussion s’est très vite orientée vers les nouvelles technologies à travers « le mobile banking » et les services de « p2p lending » Jacques Attali a notamment annoncé un partenariat avec la fondation Bill et Melinda Gates afin de subventionner en Afrique et au Moyen-Orient un projet de développement de services bancaires mobiles. La fondation Gates subventionnera à hauteur de 1,7 million de dollars ce projet, en partenariat avec Orange. « De nos jours un milliard de personnes ont un compte en banque, mais trois milliards ont un téléphone portable » a souligné Jacques Attali présentant cette initiative comme un moyen de « bancariser les non-bancarisés ». Le « mobile banking » devrait permettre de fournir des produits de financement mais aussi d’assurance à des individus qui n’ont pas accès aux services bancaires traditionnels. Au delà des financements proposés, il permettrait également aux ménages de pouvoir épargner mais aussi payer leur facture ou encore envoyer de l’argent à l’étranger. La discussion s’est également orientée vers les plateformes de p-2-p lending comme nouveau mode de financement possible des IMF. Jacques Attali et Arnaud Ventura ont indiqué croire dans ce mode de levée de fonds auprès des particuliers tout en soulignant qu’il ne devait pas servir à une bipolarisation des fonds, les investisseurs des pays développés pouvant préférer prêter uniquement aux micro-entrepreneurs des ces mêmes pays. De nombreux projets donc pour PlaNet Finance qui ne semble pas à court d’initiatives pour aider les moins favorisés ….

Prochain article : les plateformes de p2p lending sociales.