Monday, January 08, 2007

Crédit philantropique sur le Net ou comment promouvoir l'entreprenariat- Article de Libération. Kiva




Grâce à Kiva.org, des prêteurs occidentaux peuvent, à partir de vingt-cinq dollars, aider des entrepreneurs des pays pauvres à acheter leur taxi..


Oris Jordanov pose devant son épicerie. La cinquantaine, un peu raide dans son blouson de jean. La vitrine est recouverte d'affiches en couleurs. A côté de la photo, quelques lignes résument sa situation. Il habite Vratza, petite ville de Bulgarie, a travaillé à l'usine pendant vingt-cinq ans. Licencié, il a monté un commerce. Il lui fallait 2 000 dollars supplémentaires pour acheter réfrigérateurs et climatiseur. Il vient de trouver des gens pour lui prêter cette somme. Des gens ? Par exemple : Kristin, retraitée d'Alaska, Dennis, photographe californien, Dinah, blogueuse et Tom, ingénieur anglais. Parmi bien d'autres, puisqu'ils sont 53 à avoir financé le projet de Boris Jordanov, en prêtant chacun au moins 25 dollars. L'épicier bulgare ne connaît personnellement aucun d'eux. Mais il les remboursera tous. Bienvenue sur Kiva.org, le site qui met le microcrédit à la portée du premier internaute venu.


(...)
Première étape : connectez-vous sur www.kiva.org. Pour «prêter à un entrepreneur particulier dans un pays en développement et lui donner les moyens de se sortir de la pauvreté», comme l'indique la page d'accueil, cliquez, et ils défilent. Marchande de glaces en Equateur, conducteur de moto au Cambodge, éleveur de bétail en Ouganda, boucher en Moldavie, paysan au Kenya ou vendeuse de vêtements au Honduras, ils sont des dizaines. Hommes et femmes, tous entrepreneurs à la recherche de fonds, tous exclus du système bancaire. Trop petits. Ne rapportent pas assez. Vous avez 25 dollars à miser sur un de ces microbusiness ? Cliquez dessus, payez en ligne et attendez qu'il vous rembourse. Cela prendra environ un an, mais les risques sont presque nuls : les organismes de microcrédit affichent des taux de remboursement de 98 % en moyenne, et Kiva peut se vanter d'avoir atteint les 100 %.
Kristin, super-«grandma» de 60 ans, a sauté sur son ordinateur dès qu'elle a entendu parler du site, fin octobre. Elle vit en Alaska et s'apprête à partir deux ans comme volontaire dans l'ONG américaine Peace Corps, en Roumanie. Alors, elle a choisi de dépanner un épicier bulgare, une coiffeuse, bulgare elle aussi, un salon de beauté moldave, etc. Sept prêts en tout, tous en Europe de l'Est : «J'aurai peut-être une occasion d'aller les voir, ce n'est pas très loin de la Roumanie... J'irai me faire coiffer, juste pour voir, raconte-elle. J'avais vendu des livres sur eBay et il me restait 100 dollars sur mon compte Paypal, mais finalement, j'ai mis plus. (...) Elle aime l'idée que son aide aille directement à ceux qui en ont besoin : «Quand vous donnez pour les victimes du tsunami ou de Katrina, 10 % de l'argent arrive dans leurs poches ! Avec Kiva, 100 % vont au projet.»


Compétences et inventivité
Le site est une révolution : il ouvre l'internet communautaire ­ le Web2.0 dans le jargon des initiés ­ à la microfinance. MySpace et eBay mettaient en relation virtuelle des gens du même monde. Désormais, avec Kiva, les riches des pays développés peuvent prêter, sans intérêts, aux pauvres des économies en retard. Depuis le lancement en mars 2005, la nouvelle gravite dans la sphère numérique, sautant de mail en blog.
(...)
Car rien ne serait possible sans ces indispensables intermédiaires locaux. Ces organismes de microcrédit sélectionnent et proposent les chefs d'entreprise, vérifient la solidité des projets, versent l'argent récolté, assurent le suivi et encaissent les remboursements mensuels ­ augmentés d'un faible taux d'intérêt couvrant les frais de fonctionnement. Une fois le prêt complètement soldé, ils renvoient les sommes à Kiva, qui rembourse les débiteurs. Et la boucle solidaro-financière est bouclée. Georgi Breskovsky dirige Mikrofund, une microbanque basée à Sofia qui compte onze agences en Bulgarie. Grâce à l'argent de la fondation Soros, il a distribué cinq mille microprêts depuis 1999. Pour celui de Boris Jordanov et d'une centaine d'autres, il a utilisé le relais de Kiva. «C'est un nouveau moyen, plus simple et plus rapide, de trouver des fonds, explique-t-il, alors que l'accès au crédit est encore très difficile, en particulier dans les campagnes. Ceux qui ont besoin d'emprunter y passent beaucoup de temps et d'énergie, et pour ceux qui s'adressent à une banque, les taux peuvent aller jusqu'à 25 %.» Mikrofund prête à 10 % seulement, de quoi couvrir ses frais de fonctionnement.
(...)
Au Sénégal, Kiva travaille avec SEM (Sénégal Ecovillage Microfinance), une ONG qui finance des prêts coopératifs à 7 % par an (contre 7 % par mois à la banque). Pour acheter des semences ou des tissus à vendre sur les marchés, un groupe de villageois emprunte ensemble. Cela réduit les risques et permet de faire tourner l'argent. Avec 25 dollars chacun, des paysans du village sahélien de Louly Ngogom ont pu ainsi couvrir leurs besoins en semences, éviter les mois difficiles et envoyer les enfants à l'école. «En quelques mois, nous sommes passés d'une poignée de prêts à une trentaine, grâce à l'afflux de fonds, se réjouit Ismaël Diallo, responsable du microcrédit. Le problème, c'est que les sommes sont petites quand il faut partager à plusieurs, et que nous ne couvrons pas nos frais de fonctionnement.»
Le pionnier du crédit personnel et philanthropique en ligne est en train de décoller. Le 31 octobre dernier, la chaîne de télévision culturelle américaine PBS raconte l'histoire d'une Ougandaise qui a acheté sa machine à fabriquer du beurre d'arachide grâce à la multitude de gens qui ont prêté quelques dizaines de dollars via Kiva. Trente-cinq minutes plus tard, le site est bloqué pendant deux jours, incapable de faire face à un raz-de-marée de bonnes volontés. Depuis, le nombre d'utilisateurs est passé de 6 000 à 12 000, et le cap d'un million de dollars récoltés a été dépassé en décembre. La start-up est désormais à l'équilibre. Selon Matt Flannery, qui tient ses «Chroniques de Kiva» (1) sur le Web, environ 20 000 dollars arrivent chaque jour pour les crédits, plus 10 % de dons pour le fonctionnement du site. «Ce qui veut dire que nous sommes libres de choisir notre destinée et de construire le produit que nous désirons tous, note «l'entrepreneur social» sur son blog. Je ne peux vous dire à quel point cela m'enthousiasme.»

Facile à utiliser et efficace, le site va devoir maintenant gérer la croissance, ce qui implique d'étendre son réseau (qui couvre une vingtaine de pays aujourd'hui) et de trouver de nouveaux partenaires. Car l'idée de lien direct via le Net séduit. Bruno, chef opérateur français, a appris l'existence de Kiva alors qu'il travaillait à New York. Il a commencé à regarder les projets, se demande à quelle micro-entreprise il va prêter, lui qui a «la chance de bien gagner [sa] vie dans un pays riche». «J'aime bien l'idée de la chaîne entre les gens , dit-il, tu prêtes à quelqu'un qui a un projet, si ça marche, cette personne va pouvoir en aider d'autres, qui sans ça se retrouvent à faire le ménage sans papiers en France ou ailleurs...» Chiche ?

Lien vers le site concerné: http://kivachronicles.blogspot.com

Lien vers l'intégralité de l'article ici

3 comments:

Anonymous said...

C'est vraiment une idée très intéressante. Pouvez vous me dire si un pareil site existe en France ????

Anonymous said...

Même depuis la France, vous pouvez prêter via Kiva. Le succès a donné des idées à d'autres acteurs: E-bay a lancé Microplace; des Danois ont créé MyC4...
et en France, l'ONG ACTED est en train de concevoir un site similaire.

Google+ said...

Avez-vous besoin d'un prêt à un taux d'intérêt de 3%? Si oui, les candidats intéressés devraient nous contacter dès aujourd'hui pour votre prêt en ligne rapide et facile, sans dépôt de garantie.
Email: atlasloanfirm@outlook .com
Hangout: +1 (443) -345-9339
WhatsApp: +1 (443) -345-9339